Le Cahier Bleu

Premières vacances en Europe

Pour qu'il rencontre sa famille, nous sommes rentrés en Europe à Noël. Adan a 8 mois et a traversé ce mois sans problème, entre visites, voyages, heures tardives, et promenades.

Le 23 Janvier 2013 - Tags: blog, adan


Attendues avec impatience depuis plusieurs mois, les vacances de Noel 2012 se sont enfin presentees au matin du 12 decembre. Attendues mais aussi un peu craintes, car nous avions devant nous 20,000 kms a parcourir avec Adan. Un peu craintes aussi car le debat sur le mariage et l’adoption par des couples homosexuels faisait (et fait encore au moment ou j’ecris ces lignes) rage en France. Il y avait alors chez moi le sentiment de me jeter dans la fosse aux lions. Mais pour nous rassurer, il y avait Adan, toujours souriant, toujours facile, qui faisait mentir tous les oracles de la parentalite, predisant des mois d’epuisement, de fatigue, et qui plus est eleve par deux papas, desequilibre et en manque de reperes. Non, Adan etait en cette fin d’annee 2012 le bebe le plus facile a vivre, le plus heureux, le plus souriant, dormant ses nuits, peu avare de calins, de fous rires, et appreciant les vertus reparatrices du sommeil. Cette facilite, cette joie de vivre, m’ont permis de croire en un voyage vers la France, et en France, peut etre moins difficile que je ne l’appréhendais.

Le voyage aller s’est terriblement bien passe. Certes, nous avons perdu, a Auckland, notre sacoche avec les passeports et les cartes bleues, pour heureusement les recuperer 15 minutes plus tard. Certes, nous avons oublie de prendre la poussette a la maison, et certes, aux contrôles de securite, un douanier zele nous a decharge de nos bouteilles d’eau non ouvertes, et destinees aux biberons d’Adan. Mais malgre ces episodes revelateurs de notre tension, tout s’est bien deroule parfaitement. Adan a meme trouve le moyen de faire sourire le douanier a Seoul, lorsque celui-ci tamponnait nos passeports, ce qui le faisait exploser de rire. Nous avons ensuite eu droit a une chambre au Hyatt, ce qui nous a permis de prendre une douche et de bien dormir tous les trois. Enfin, comment ne pas s’etonner face a ces trois vieilles dames, qui lui ont baragouine spontanement, en chinois, plein de mots gentils. Je n’en ai pas compris un seul, mais bien devine qu’elles trouvaient Adan beau a croquer. Il n’a pas pleure de tout le voyage. Ou alors seulement dans une queue interminable pour les controles de securite : fatigue, il a commence a sangloter, ce qui nous a permis de passer devant tout le monde, pour lui trouver ensuite un petit coin au calme, ou il a pu piquer un petit somme.

Dans l’avion, il avait son petit berceau, d’où il dormait, jouait, et observait avec interet le ballet des hotesses, des passagers. Ceux la n’en pouvaient plus de succomber a son charme, particulierement les hotesses coréennes. Celles-ci le trouvaient « sooooooooooooo pretty » !! Et beaucoup, au terme du voyage, nous dirent leur etonnement face a son calme. Quand on pense qu’en plus, il voyageait avec un rhume.

Arrives a Paris, en attendant les bagages, je lui ai donne un peu de paracetamol, sa temperature ayant un peu augmente, puis nous sommes sortis. Papi Gillou et Mamie Nanou nous attendaient tous les trois avec une impatience et une emotion non dissimulees. Les vacances pouvaient commencer.

Elles se sont deroulees en douceur, alternant avec equilibre le repos, les activites et les visites. Il y eut d’abord la fete, deux jours apres notre atterrissage, organisee par les parents. Touche de voir tout le monde reunis pour accueillir Adan, j’appréhendais quand meme les questions ou les commentaires qui, s’ils ne dissumulaient aucune mauvaise intention, pouvaient heurter. A ce titre, je savais, sans savoir si j’en aurais la force, qu’il faudrait les accepter et, le cas echeant, « eduquer » ceux qui n’avaient pas vecu notre aventure et n’avaient pas pu effectuer le meme cheminement intellectuel que nous. Je me demandais, aussi, si Adan suporterait d’etre jete toute une journee dans un bouillonement d’individus, lui ayant l’habitude du calme de la maison et de la creche. Au bout du compte, tout se passa tres bien, tout le monde semblait content et heureux de faire la connaissance du Petit prince de Timaru. Lui a meme accepte de passer de bras en bras, a la condition que l’un de ses papas soit toujours visible, et sans que cela ne dure trop longtemps non plus. Pour le reste, il a alterne des siestes dans sa poussette de pret, et ouverture de cadeaux sur les genoux de son papa. Le soir, nous nous sommes couches epuises mais heureux.

Et des cadeaux, il en a eu. A la fete, quand nous rendions visite a nos amis, a nos familles, ou meme de connaissances que nous n’avions jamais rencontrees, des amis de nos parents, des amis d’amis. Depuis sa naissance, Adan a tant recu, et nous a travers lui, de signes de bienvenue. Tous ces cadeaux allaient cependant poser un probleme logistique : bien que chacun ai bien pris soin de faire « transportable », leur somme allait rendre la realisation des bagages particulierement complexe ! Au final, certains d’entre eux attendent Adan patiemment pour le jour ou il repassera par Sainghin.

Nous sommes restes deux semaines et demi en France. Durant ce sejour, naturellement et sans vraiment le planifier, nous avons favorise le temps avec la famille et les amis tres proches. Chacun a eu le temps de developper une relation avec Adan. Lui, dans sa posture familiere d’observateur curieux et tranquille, a profite, explore, regarde, devisage. Par respect pour lui, nous avons decide de l’installer a demeure chez mes parents pour toutes ses nuits passees en France. Pour le reste, peut-etre pour nous retourner la faveur, il a suivi, sans jamais rechigner, prenant plaisir meme, a distribuer ses sourires et ses regards coquins, veritable arme de séduction massive. Il eu aussi l’occasion de s’installer dans la vie de mes parents, le matin au reveil, lorsqu’il descendait prendre son premier biberon dans leur lit, ou lors de soirees ou ses papas disparaissaient pour une soiree entre adultes et que ses grand-parents le gardaient.

En arrivant en France, son rhume mit quelques jours a disparaître. Adan parvint a rester sain pendant une bonne semaine, malgre l’epidemie de maladies qui tournoyaient autour de nous. Las, alors que nous nous appretions a enchainer avec la deuxieme partie de nos vacances, il contracta une bronchiolite. Et c’est avec un petit bout toussant ses poumons que, le 2 janvier 2013, nous avons pris notre envol pour la Baviere, ou nous devions passer 10 jours, chez Hans et Martina. Malgre des temperatures plus froides, j’avais confiance pour Adan car, etant petit et souvent malade, j’etais alle passer des vacances chez ma grand-mere, a Aix-les-Bains, ce qui, selon la legende, m’avait definitivement gueri pour les 18 ans a venir (a mon grand desarroi quand plus tard, je serais bien reste a la maison plutot que d’aller a l’ecole !). Nous n’avions pas vu Hans, Martina et les enfants depuis au moins 8 ans, et quand nous avons franchi le pas de leur porte, nous sommes tombes dans les bras l’un de l’autre. Adan etait la, et il a tout de suite ete adopte.

Fidele a son caractere, Martina bouillonnait d’idees et de projets pour notre sejour. Le temps etait a la neige et au froid, et les 10 jours a venir promettaient un tiraillement entre profiter de nos amis de longue date, d’une part, sans pour autant imposer a Adan un rythme qui ne lui conviendrait pas, d’autre part. A chacune de nos activites, nous avions toujours des portes de sortie, au cas ou Adan nous reclamerait de faire une pause. Mais nous n’en avons pas eu besoin : toujours partant, toujours curieux, toujours heureux et confiant, il nous a suivi lors des promenades dans Kohlgrub, a Mittelstation, en Autriche, dans le noir a Torwang, le soir a FrauenInsel, ou en caleche, autour de Walchsee. Il nous a suivi dans tous les restaurants, appreciant particulierement la cuisine bavaroise. C’est d’ailleurs a cette occasion qu’il est passe a 4 biberons par jour, avec un vrai repas le midi. Depuis, il est meme difficile pour nous de manger sans partager notre repas, tant il reclame ! Alpenrose, EntenWirt, The Post ou Kaser Alm … il a toujours etonne par sa placidite et son gout pour les knodels, le kaiserschmann, et meme les frites !

Pour nous, ces vacances devaient etre celles ou nous irions a notre rythme, a trois. Avec Martina et les enfants disponibles et prompts a passer du temps avec nous, ce ne fut pas le cas, mais nous n’y avons pas perdu au change. Ainsi, j’ai pu escalader, pour la premiere fois a pieds, Hochries, sous la neige, avec Martina, au lever du soleil. Un soir, elle a garde Adan, pour que nous puissions profiter des bains allemands, en l’occurrence a Bad Aibling. Un autre jour, nous sommes alles a Rosenheim faire du shopping, Martina et moi. Bref, ce furent des vacances extraordinaires, reposantes et riches de nouveaux souvenirs a la fois. Le depart, et les separations, furent emouvantes, alors que tombait sur Kohlgrub une neige legere.

Arrives a Paris, et avant de repartir pour la Nouvelle-Zelande, nous avons passe l’apres-midi chez Daniele, mettant un terme a nos 4 semaines de vacances en Europe. Adan etait en pleine forme, et, comme prevu, n’avait plus aucune trace de sa bronchiolite, malgre le froid Bavarois. Bien que nous ayons passe chaque jour du mois ecoule ensemble, il etait clair que son visage avait muri depuis notre arrivee. Dans la douceur, Adan avait grandi, tout comme nous d’ailleurs, au cours de ces vacances. Pour nous, c’etait une nouvelle demonstration de son etonnante capacite a s’adapter, de la facilite de vivre a ses cotes, de vivre ensemble. En y reflechissant, il m’a semble que cette souplesse prenait sa source dans le respect et l’amour, reciproque et mutuel, que nous lui donnons, dans l’attention rassurante que lui procure notre presence a ses cotes. Serein de nous savoir la, avec lui, depuis la premiere seconde, et a chaque minute ecoulee lors de notre sejour, il a pu se « deployer ». Combles, pour lui et pour nous, par ces vacances, nous avons accumule suffisamment de confiance pour plus tard, repartir ensemble, pour de nouvelles aventures.

- Benoit -