Le Cahier Bleu

En route pour Wellington

Et bien nous y voilà. Nous sommes quelque part au dessus du Pacifique, quelque part entre le 6 et le 7 octobre 2005, en route pour Auckland. Ce projet, voulu depuis des années, organisé à la hâte depuis près de 2 mois, vient de réellement commencer. Nous partons en Nouvelle Zélande pour tenter de nous y installer.

Le 7 Octobre 2005 - Tags: blog


Et bien nous y voilà. Nous sommes quelque part au dessus du Pacifique, quelque part entre le 6 et le 7 octobre 2005, en route pour Auckland. Ce projet, voulu depuis des années, organisé à la hâte depuis près de 2 mois, vient de réellement commencer. Nous partons en Nouvelle Zélande pour tenter de nous y installer.

Je n’ai pas vraiment sommeil. Je ne sais pas vraiment quelle heure il est. Je sais que nous sommes partis mercredi soir, de Lille, un peu anxieux et un peu tristes en voyant s’éloigner ma chère famille sur le quai de la gare.

A Paris, l’attente n’a pas été particulièrement longue, bien que bruyante dans le tumulte d’un Mac Do. Arrivés tôt à l’aéroport nous a permis d’avoir les issues de secours pour le vol jusque Séoul.

Assez rapidement, mon anxiété a laissé place aux songes dans l’avion qui décollait. Le personnel était prévenant, l’appareil tout neuf. Arrivés à Séoul, la quiétude de cet immense aéroport moderne nous a tout de suite séduits. Nous avons joint nos familles pour rassurer les esprits et regonfler les cœurs.

Ensuite, dans l’attente du vol suivant, je suis allé me doucher. L’endroit était paisible et j’avais l’impression que l’eau tiède me tapotait doucement l’épaule en me disant : « tu vois, tu as déjà fait la moitié du voyage, et ça s’est bien passé. Détends toi, la suite du voyage se passera bien ». J’ai aimé cet aéroport.

Dans l’avion qui nous emmène pour Auckland, je n’ai vraiment pas envie de dormir. J’ai lu le livre de Jean Paul Dubois « la vie me fait peur », que mon ami Sebus m’a offert. Quelques traits de la personnalité du personnage principal me correspondent bien, et l’histoire (un homme se repasse sa vie à bord d’un avion qui l’emmène à 10000 kms de chez lui) ne pouvait pas être plus à propos. L’ayant terminé, j’ai essayé de ranger ces émotions qui m’avaient traversées, et qui me traversent encore, lorsque nous avons décidé de partir. On ne part pas à l’autre bout de la Terre complètement gratuitement.

Bien sûr, il y avait la tristesse de quitter les êtres chers, tous ceux qui, dans un rythme s’accélérant, nous avaient fait parvenir des messages de soutien, d’amour avant notre départ. La plupart ressentaient de la tristesse, face à notre absence prolongée, mais j’étais heureux de constater que peu craignaient pour notre relation : beaucoup savent qu’une place gagnée dans mon cœur est une place gagnée pour toujours.

Il y avait ensuite la peine de laisser mon chat Daphnée derrière nous, elle qui est entrée dans notre vie il y a à peine un an. Heureusement que j’ai une famille qui a bien voulu la prendre en charge. Je sais qu’elle sera heureuse, mais il me semble qu’elle s’était attachée à nous et elle va me manquer. La perspective de l’emmener en Nouvelle Zélande en mars m’angoisse un peu à cause du stress qu’elle aura à subir. Certes, elle a du se faire à nos gesticulations incessantes, mais 30 heures d’avion pour un chat, est ce bien raisonnable ? D’un autre côté, aurions nous dû renoncer à partir ?

La dernière source de mes préoccupations était matérielle. Parfois, je me demandais pourquoi, après tant d’années à nous bâtir un environnement confortable, nous (et moi encore plus) nous étions appliqués à tout remettre en cause ? Ou plutôt : d’où venait ce besoin de tout recommencer à zéro ? Je savais bien qu’emmener notre confortable « chez nous » amoureusement bâti, de l’autre côté de la planète, serait très difficile. Dès lors, comment accepter de tous laisser derrière nous ? Et comment gérer, sur le plan émotif, mais aussi, de manière plus pragmatique, logistique, la vente de cet appartement où nous avons tant aimé vivre ? Comment aborder la création d’un nouveau « chez nous » ?

Souvent, toutefois, je réalisais aussi que ces questions matérielles faisaient partie des raisons pour lesquelles nous avions fait ce projet. Après tout, ce serait aussi un très bon test pour savoir ce qui, parmi tout ce que nous avions amassé, nous était vraiment utile. Peut être que tout ce dont nous avons réellement besoin tient dans deux sacs de 20 kilos.

Dépassant toutes ces considérations, toutes les joies et l’enthousiasme de voir ce projet se concrétiser. Pèle mêles, les paysages promis, une nouvelle culture, la langue, la douceur de vivre, la fin de mes allées et venues hebdomadaires, une vie plus stable, moins stressante, moins polluée par tout ce monde que je ne comprends plus, des vendeurs mesquins d’un magasin quelconque aux agitations dérisoires des « grands » de ce monde, une vie plus simple à comprendre, une vie plus simple à vivre, le plaisir d’être un étranger, la richesse du contact avec l’autre …. L’éternelle recherche de l’eldorado, en somme, vers lequel je crois me rapprocher.

Près de moi, un vieil homme dort. Une hôtesse déplie une couverture et la pose sur lui. Tous les hublots sont fermés, sauf un, par lequel la lumière violente du soleil pénètre. Je vais éteindre ma veilleuse et essayer de dormir.

- Benoit -

Commentaires

Dis donc le mec qui a mis les rivets sur l'aile de votre avion :: il était pas net !

Très joli billet...je pense comprendre les motivations de ton départ maintenant. Je suppose que tu gardes encore contact avec tous ceux qui te sont chers et que tu as laissé ici en France, non ? J'ai particulièrement bien aimé ta phrase "Beaucoup savent qu'une place gagnée dans mon coeur est une place gagnée pour toujours"...tu devrais en faire un livre de ton blog ! Je te fais un petit coup de pub dans mon espace, ton blog le mérite amplement ! Et puis, je pense que je vais arrêter là mes coms, j'ai peur qu'ils finissent par te "soûler" :) A bientôt...