Le Cahier Bleu

Réflexions

L’autre jour, j’arrivais à mon entraînement de rugby, et je discute avec Alice, l’un de mes coaches de rugby. Je le salue, je lui demande si ça va, s’il a passé une bonne journée, et il me répond, lui le néo zélandais d’origine, « another day in paradise » (un jour de plus au paradis). Il n’y a pas grand-chose de plus à dire. C’est exactement ce que je me dis quand le soleil se couche sur la baie.

Le 26 Février 2006 - Tags: blog


Dimanche matin.

L’autre jour, j’arrivais à mon entraînement de rugby, et je discute avec Alice, l’un de mes coaches de rugby. Je le salue, je lui demande si ça va, s’il a passé une bonne journée, et il me répond, lui le néo zélandais d’origine, « another day in paradise » (un jour de plus au paradis). Il n’y a pas grand-chose de plus à dire. C’est exactement ce que je me dis quand le soleil se couche sur la baie.

C’est vrai que la vie coule paisiblement ici. Un matin de cette semaine, j’attends le bus, face à la plage. Je ne dis rien et regarde le paysage. Une autre jeune femme attend le bus aussi, et entame une discussion avec moi, spontanément, sur la beauté de ce paysage, en concluant par « J’espère que tu vas passer une bonne journée ». Sur le trajet, les gens continuent de monter, en saluant poliment le chauffeur. Quand ils quittent le bus, la plupart d’entre eux le font en remerciant le conducteur, même lorsqu’ils descendent par l’arrière du bus « Thank you, driver ! ». C’est frappant le respect et la gentillesse qui existe entre les gens ici.

Ces deux dernières semaines ont été tranquilles à Télécom. Les choses sont organisées de telle manière qu’il faut attendre qu’un projet soit validé et signé pour pouvoir démarrer. J’ai donc attendu, sans avoir grand-chose à faire. J’ai quand même mis ce temps à profit pour avancer sur le déménagement des cartons, du vol du chat, …

Je suis allé au rugby, mardi, jeudi. J’y suis aussi allé samedi pour le « club trial », où ils nous font jouer des matchs pour ensuite, nous regrouper en équipes de niveau. C’est confirmé, je suis le plus débutant de tous, ce qui n’est pas forcément facile à porter. Eno, qui en plus est en vacances jusqu’au 6 mars, me disait l’autre jour qu’il fallait pas s’en faire, que les gars de l’équipe auraient plaisir à m’aider et me conseiller … oui enfin je me sens un peu inutile dans l’équipe, j’ai du mal à me positionner, et pourtant ce sport me plait beaucoup.

Je continue de noter chaque prénom de joueur que j’arrive à identifier. Mine de rien, au cours d’un entraînement, c’est pas facile : en général, après 2 ou 3 tours de terrain, je suis incapable de me souvenir du nombre de tours effectués, trop crevé. Pour parvenir à fixer les prénoms, je me les répète en boucle et dès que je rentre à la maison, je les note sur mon carnet.

J’essaye de suivre l’actualité en France. Tous les matins, je vais sur le site du Monde, de Libé, et de Voilà. J’aurais du mal à décrire le regard que je porte aujourd’hui sur tout ce qui se passe en Europe, mais la distance qui m’en sépare se reflète incontestablement dans ma façon de ressentir les choses qui s’y passent, et m’offre un certain détachement. Toute l’agitation qui y règne me surprend et m’interpelle de plus en plus, ainsi que sa complexité, qui m’effrayait déjà en y habitant.

Je ressens le même détachement par rapport aux choses matérielles. Nous faisons venir notre « héritage » de France par bateau, mais c’est à peine si j’en vois la nécessité. Venir vivre ici a exacerbé ce besoin chez moi de vivre des expériences et c’est tout juste si je comprends encore comment j’ai pu accumuler autant de choses, dépenser autant d’argent pour les acheter. En fait, seuls quelques meubles et les livres me semblent aujourd’hui justifiés. Je me focalise beaucoup plus sur les expériences à vivre que sur les objets. A vrai dire, je ne pense pas avoir été jamais focalisé sur les biens matériels, mais disons que j’ai pu me laisser prendre au piège plusieurs fois, plein de fois, immergé dans une société qui pousse à la consommation. Ici, entouré par la nature, coupé des médias et de la culture parce qu’encore étranger dans ce pays, j’arrive à avoir ce détachement sain et reposant par rapport aux biens de consommation. C’est agréable d’arriver à passer plusieurs jours sans avoir à taper son code de carte bleue.

Enfin, j’écris ça mais je pense encore que la télé qui trône dans notre salon, celle qui appartient à la proprio, qui est vraiment de mauvaise qualité et qui nous bousille les yeux, ferait bien d’être remplacée !

Sinon la baie est toujours aussi belle, Seatoun est toujours un petit village paisible, et je sens que nous allons encore finir l’après midi à Scorching Bay, au chocolate fish cafe. J’espère quand même qu’un week-end prochain, Seb et moi n’aurons rien de prévu et nous pourrons repartir à la découverte du pays. En général, le dimanche est le seul jour où nous nous retrouvons à deux, et nous préférons la jouer cool. Malheureusement, la contrepartie, c’est que nous ne visitons pas grand-chose.

- Benoit -