Le Cahier Bleu

Premiers pas dans la parentalité

Adan aura 8 semaines dans deux jours, et au delà du déroulé qui a suivi sa naissance, notre retour de Timaru, et notre installation à la maison, je reviens sur mon expérience de nouveau papa.

Le 29 Mai 2012 - Tags: blog, adan


Mardi soir.

En 2007, je postai un billet sur mon blog où je déroulai les petits instants d'un matin d'hiver à Wellington, les bruits de la maison qui se réveille, les couleurs sur la baie. C'était il y a 5 ans, presque jour pour jour. Aujourd'hui, il fait toujours aussi froid, mais le protocole a un peu changé. A 6h30, ce matin, le réveil s'est mis en route, et pour la première fois depuis près de deux mois, c'est lui qui m'a réveillé: Adan ne s'est manifesté qu'une dizaine de minutes plus tard, rallongeant encore sa nuit, lui qui nous octroie deja un sommeil quasiment inchangé depuis qu'il est né.

Je suis resté un peu dans le lit, attendant que le réveil se rallume après la période de grace de 15 minutes, mais Seb s'est levé pour aller lui préparer le biberon. D'une oreille endormie, je l'ai entendu éteindre le récepteur, puis se rendre dans la chambre de notre fils, lui dire un bonjour plein de tendresse afin de le faire un peu patienter. Une fois le biberon prêt, c'est le silence qui s'est installé dans la maison: il était 7h et plus que temps que je parte me doucher.

Ainsi Adan nous offre un démarrage en douceur, comme je l'ai maintes fois dit et écrit. Depuis sa naissance, il ne nous a pas réveillé plus d'une fois par nuit, et la journée, il ne pleure presque pas, est alerte, et nous sourit déjà copieusement. Pour ma part, ça se produit souvent au moment du biberon: son regard va se fixer sur des objets autour de nous, puis, après plusieurs renvois ou allers et retours, il va se planter dans le mien, fixement. Ses yeux sont encore très bleus, très foncés et son regard, immobile, léger. Il me "reconnait" (ou du moins, je suppose) puis cesse de têter, et commence à sourire, le biberon encore dans la bouche. Je lui retire doucement et le sourire s'élargit. Il va ensuite commencer à me "parler" - une succession de "arheus" - en gardant la banane. J'entretiens le dialogue en répétant les sons qu'il produit, riant beaucoup, et couvrant son visage de bisous! Ca dure une petite dizaine de minutes, et l'appel du biberon redevient prioritaire. Alors, rassasié, je lui redonne à têter.

Tout cela est très facile, très fluide. Nous avons un garçon qui jusqu'à maintenant, nous facilite grandement la tâche. Toutefois, nous devons quand même ajuster notre rythme au troisième membre de notre famille. C'est le lot de tous les jeunes parents qui doivent, pour un temps, mettre en sommeil leurs activités, leur couple, et accepter que tout prendra plus de temps. Je m'étais préparé à ça, et c'est quelque chose dont j'avais parfaitement conscience, mais aujourd'hui, ça reste quand même un défi pour moi, habitué à mener ma vie, notre vie, à un rythme soutenu. Il faut donc accepter de moins partir marcher, moins sortir naviguer, moins aller au restau, moins voir des amis: entre la logistique, Adan, et un peu de temps pour souffler, voir les potes reste d'ailleurs l'activité la plus accessible. Mais elle se fait encore au compte goutte, pour préserver les niveaux d'énergie!

S'ajoute à tout ça mon changement de boulot. Au moment de quitter Télécom, avant la naissance d'Adan, j'avais atteint ma limite et après avoir maintes fois repoussé de chercher ailleurs, j'étais enfin parvenu à me prendre en main et à concrétiser une inflexion dans ma carrière. Le timing, malheureusement, n'était pas vraiment idéal, et je regrette aujourd'hui la flexibilité et le confort que j'avais chez Télécom. Si seuleument j'avais pu patienter un peu plus longtemps. Aujourd'hui, je suis chez Davanti, une boite de conseil, et en plus d'être un nouvel environnement, le rythme qui y est demandé est très soutenu, l'ambiance pas très bonne. Bref, je pensais pouvoir faire face au changement à la maison en même temps que celui au boulot, mais pour le moment, il est difficile de savoir si c'est concluant. L'avenir me dira si j'ai fait le bon choix.

Tout ça mérite d'être mentionné. Mais bien sur, comme beaucoup de jeunes parents, ces considérations reprennent bien vite une place secondaire quand je rentre le soir et retrouve Adan, son calme, sa sérénité, ses sourires. Quand je le regarde, je me dis que la vraie réussite est là, et qu'à trois, nous pourrons faire face à toutes les difficultés. En somme, il me donne encore plus de force. Encore quelques mois, quelques années, et nous pourrons reprendre un rythme plus normal, nourri de rencontres et de voyages ... mais ensemble.

- Benoit -