Le Mensuel Bleu

Une vie islienne

Quelques reflexions sur les deux semaines passees a d'Urville a l'ete mourrant.

Le 25 Avril 2023 - Tags: blog, durville, vacances


En janvier, nous avons passé de longues vacances a d’Urville, notre havre de paix et de tranquillité. Puis le premier trimestre est arrivé : Cosmo a commencé l’école « pour de bon » et Adan a débuté Intermediate, et tous les changements qui sont venus avec. J’avais aussi organisé quelques week-ends pour la famille, avec celui à Takaka, mais les choses ne s’étaient pas passées comme prévu et nous étions restés sur Nelson. Nous avons eu ensuite le week-end à Raikuku lodge, et les deux semaines avec Ryota. Quand les premières vacances scolaires de l’année sont arrivées, nous étions plus que prêts pour retourner a d’Urville.

Le trajet aller fut toutefois épique. D’abord, il fut précédé de la logistique requise pour la randonnée d’Adan et moi dans le Kahurangi National Park. Mat et Lucas auraient du être la, mais ce dernier est tombé malade et nous sommes donc partis seuls. La marche de trois jours fut très sympa, mais nous ne savions pas si, une fois sortis, nous pourrions retrouver Seb et Cosmo à temps : les ferrys qui relient les deux Iles traversaient une grosse période de turbulences, et les voyages pouvaient être annulés à tout moment. Heureusement, avec beaucoup d’acharnement, Seb avait réussi a regagner Picton avec Cosmo. Les difficultés ne s’arrêtèrent pas la et rejoindre d’Urville, le lendemain, fut tout aussi compliqué : en cause, le pneu à plat de la remorque du bateau (à réparer, un dimanche de Pâques !) et une fenêtre météo très étroite. Nous sommes arrivés éreintés et sonnés.

Les choses se sont ensuite mises en place. Les enfants ne mirent que quelques jours à rentrer dans le rythme, visiblement ravis de se retrouver en famille, et de se poser. Ils s’occupaient facilement, dedans ou dehors, et heureux d’être ensemble, malgré quelques accrocs de temps à autre. La météo ne fut pas tropicale, mais je n’eus pas à lancer la cheminée trop souvent. Le spa, par contre, tournait à plein, et le stock de bois fondait à vue d’œil : le bois coupé lors de nos précédentes visites n’était pas suffisamment sec pour être utilisé. Dès lors, a chaque occasion, je prenais la tronçonneuse pour reformer notre réserve au fur et à mesure. Mais la machine était capricieuse et je passai beaucoup de temps à essayer de la réparer.

En plus de toute la maintenance, j’étais déterminé à entamer l’enclos pour notre verger. J’avais choisi un emplacement de l’autre cote de la rivière. Mais le jour où je descendis pour commencer a déroulé la clôture, il avait beaucoup plu la veille et la rivière avait beaucoup gonflé. Elle n’était pas infranchissable, mais si l’idée d’un pont n’était pas mauvaise, je décidai, dans l’immédiat, d’utiliser l’espace entre la centrale hydro et l’arbre pour le hamac. À force de l’explorer, celui-ci m’a semble de plus en plus approprié, et aussi, de plus en plus beau. Je m’imaginai arpenter les allées dans le dédale des arbres fruitiers, berce par le chant de la rivière. Mais nous n’en étions pas encore là, et pour cause : planter des arbres allait demander d’abattre quelques kanukas. J’en coupai un pour l’utiliser comme offrande pour le mariage pour Manu, mais j’étais hanté à l’idée de blesser « ma » forêt.

Durant notre séjour, nous reçûmes aussi la visite de Graeme et Kerry. Celui-ci arriva avec une valve de rechange pour le ponton : un souci en moins a réglé. Adan attendait cette rencontre avec impatience, car Graeme lui avait promis de lui apprendre à pêcher au filet. Malheureusement, la météo ne permit pas de passer à l’acte pour cette fois-ci. Nous eûmes aussi la visite de Jane et Chris, mais nous fûmes incapables, cette fois-ci, d’aller rendre visite à TreeVie. À la fin de la première semaine, je tombai malade à nouveau : cette fois-ci, je mis ma guérison tout en haut de mes priorités et passai deux jours à dormir. Ce n’était pas du temps perdu : au terme des deux jours, j’étais sur pieds et prêt à reprendre une vie normale.

Toutes ces activites en exterieur me plaisaient beaucoup. Ce n'etait jamais une corvee de sortir et d'accomplir les taches d'entretien ou poursuivre les projets. Certes, tout cela etait physiquement fatigant, ce qui avait pour effet de me renforcer et de m'amincir, malgre un regime alimentaire sans limite. Il faut dire que nous mangions tres equilibre, abondamment alimente par la nature. Il me parut pour un moment que ce temps dehors portait tous les traits de la vie rurale, agricole. Mais d'Urville portait le concept encore plus loin, l'autonomie du fait de notre emplacement etant presque totale. Nous avions une vie islienne, et il nous convenait parfaitement.

Après deux semaines sur place, il fallut à nouveau plier bagage. Le retour sur la terre ferme fut particulièrement aisé cette fois et tout se déroula parfaitement. Nous eûmes même le temps de passer voir Ken et Rebecca à Nelson. Mais ce fut le retour à Wellington qui fut le plus dur : revenir à la routine me semblait de plus en plus difficile. D’Urville continue de psalmodier son sort d’envoutement et de plonger ses racines plus profondément en nous.

- Benoit -