
Benoit - 1 Septembre 2025
Ce soir, j’ai assisté à l’évaluation de karaté d’Adan, celle qui devait décider de son passage à la ceinture verte. Cela faisait longtemps que je n’avais pas mis les pieds dans son dojo. Parfois par contrainte, parfois par choix : je pensais que ses progrès m’apparaîtraient plus clairement si je m’effaçais quelque temps. C’était aussi une manière de lui laisser les rênes, sans la moindre intervention parentale. J’y suis donc allé presque à l’aveugle… et j’ai été bouleversé.
Benoit, le 1 Septembre 2025
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2. Tout commença doucement : des échauffements, volontaires, appliqués, suivis d’exercices en groupe. Le rythme, d’abord feutré, monta peu à peu en intensité.
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7. À mesure que l’examen avançait, les gestes se firent plus précis, plus exigeants, et les ceintures les moins avancées furent invitées à se retirer, laissant aux jaunes la place de montrer leur savoir-faire. Déjà, je sentais qu’Adan se détachait. La netteté de ses mouvements m’impressionnait, mais plus encore son calme. Rien ne semblait l’atteindre.
8. Entre deux exercices, il fermait doucement les yeux, inspirait longuement, et je le voyais se recentrer, corps et esprit réunis. D’où lui venait cette force intérieure ?
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10. Puis vint le sparring. D’abord contre ses pairs, ensuite face aux ceintures noires. Je fus soulagé de constater à quel point tout se déroulait dans un cadre sûr. Mais surtout, je restais médusé par la grâce d’Adan : ses gestes s’arrêtaient exactement là où ils devaient, nets, tranchants, comme s’il sculptait l’air autour de lui. Il dansait, puis frappait. Il incarnait pleinement l’instant. Je voyais soudain tout le chemin parcouru, tout le travail accumulé.
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12. Son engagement, son acharnement me coupaient le souffle. Sa voix ponctuait ses attaques, sa posture s’affirmait. Devant moi, je ne voyais plus un enfant, ni même un adolescent, mais un jeune homme sûr, centré, accompli. Une part de lui que je ne connaissais pas se révélait à moi. Et je pensais aussi à ses progrès au piano, à cette sensibilité fine qu’il y déploie : deux visages d’une même force intérieure.
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14. La séance se conclut par des exercices de force et d’endurance : pompes, abdos, squats. Je le voyais souffrir, mais avancer malgré tout, porté par une détermination rare.
Après une heure trente, l’examen s’acheva. Adan ruisselait de sueur. Et dire qu’il s’était déjà levé à l’aube pour l’aviron ! Il était heureux de sa prestation, mais n’arrivait pas à s’empêcher de regretter quelques imprécisions dans ses katas. Je lui glissai à l’oreille toute mon admiration. Je repensai au hip-hop, qu’il avait abandonné, et que j’avais regretté, croyant qu’il lui aurait donné confiance et maîtrise de son corps. Aujourd’hui, je vois que le karaté lui apporte tout cela, et bien davantage.
Ce soir, mon fils m’a donné une leçon. Une claque douce mais profonde. Il a montré une maturité et un courage immenses. Sa rigueur, sa précision, sa discipline : tout cela, il l’a bâti seul, en autonomie totale. Dans la voiture, je lui ai répété à quel point il pouvait être fier.