Jeudi matin.

Lendemain de fete a Wellington, mais sans gueule de bois. Alors que pres de 100 000 personnes manifestaient en France contre le mariage pour tous, 100 000 autres personnes fetaient la sortie du Hobbit, le nouveau film de Peter Jackson, l’enfant du pays. Certes, la comparaison n’a pas grand-chose a voir, quoique : l’echelle des emotions est la meme, mais pas dans le meme sens. Je suis tres fier d’avoir pu suivre la naissance du film, ayant eu la chance de cotoyer des personnes cles qui ont participe a sa realisation, et habitant a environ 500 metres des studios qui l’ont produit.

Pour la premiere mondiale, Wellington avait fait les choses en grand. Depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, la ville a enfile l’habit du milieu de la Terre du Milieu (« the Middle of Middle-Earth »), et on a vu naitre animations, decors, sculptures, peintures un peu partout, sur le theme du film. Vaste campagne marketing ? Quand on connait la mentalite kiwi, on sait qu’avant ca, il s’agit d’abord d’organiser une grande fete pour un film qui appartient autant a ses concepteurs, qu’au pays tout entier. Beaucoup, par effet ricochet, ont en effet beneficie de l’impact economique du film (employes, prestataires, …) et culturel du film, hommage s’il en est a la « can-do attitude », ou comportement volontariste. Certes, le Hobbit est un prolongement du Seigneur des Anneaux, et c’est avec cette premiere trilogie que Wellington est apparue sur la carte mondiale du cinema. Mais rien n’était joue pour le tournage de cette « prequelle » et il a fallu l’energie de Jackson, le volontarisme de la region de Wellington et l’intervention du gouvernement pour enteriner une fois pour toutes, et malgre la concurrence feroce d’autres pays, que le film soit realise dans le pays.

C’est donc cerne de trolls, de magiciens, et de decors, que le tapis rouge s’est deroule sur Courtenay Place. Il s’agissait de donner au public une chance de rencontrer les « stars », meme si, un fois encore, ce n’est pas l’attrait pour les « people » qui a rassemble les 100 000 personnes, mais plutôt une certaine admiration et une reelle gratitude pour l’ensemble de l’equipe. Le temps était absolument parfait, avec un ciel completement bleu et un vent leger, laissant la temperature monter a un agreable 25 degres ! Ces conditions etaient d’ailleurs les bienvenues puisque certains fans avaient decide d’arriver la veille pour camper afin de s’assurer la meilleure place le long du tapis. Vers 15h30, un mini concert a commence, concert qui s’est termine par quelques chansons de Neil Finn, chanteur neo-zelandais. Neil a eu l’honneur de composer une des chansons reprises par les nains dans le film, chanson qu’il a interpretee juste avant l’arrivee de Peter Jackson. Un grand moment !

Puis ce fut le defile des acteurs et equipes de tournage. Il y eut Peter Jackson, donc, puis Cate Blanchett, Elijah Wood, Martin Freeman, les 13 acteurs interpretant les nains, John Rhys Davies … suivis de James Cameron (qui habite maintenant le Wairarapa), John Key, … Il y eut aussi Royd Allan Reuel Tolkien, arriere petit fils de John, quelques chanteurs et chanteuses neo-zelandais. Il y eut meme Rob Fyfe, PDG d’Air New Zealand, probablement invite car la compagnie avait organise le passage d’un de ses avions. C’est ainsi qu’un Boeing 777, entierement decore aux couleurs du Hobbit, est passe a une altitude de 300 metres au dessus du tapis, declenchant les hourras de la foule.

Le tapis rouge s’etalait de Taranaki Street a l’Embassy. Remonter ces 500 metres prend habituellement 5 a 10 minutes, mais les personalites prirent deux heures pour atteindre la scene, interrompus dans leur progression par les fans et les journalistes. Interroges sur leur experience du tournage, la plupart des acteurs internationaux louerent, de manière sincere, l’accueil kiwi, et de l’equilibre de vie unique que procure Wellington.

La fete s’est conclue par quelques discours officiels, puis les invites se sont rendus dans le cinema pour assister a la projection. Pour ma part, j’aurais voulu assister a toute cette fete « pour de vrai » mais Adan était malade et j’ai donc suivi la rentransmission a la tele. Connaissant les lieux par cœur, j’ai eu l’impression d’y etre, sans avoir a subir la foule et la chaleur. Au moment de fermer la tele, j’ai ressenti une grande joie de vivre en Nouvelle Zelande. Non content d’offrir un acces unique a une nature unique, ses dimensions permettent une proximite inegalee avec de grands evenements mondiaux, comme la coupe du monde de rugby, ou comme hier, la premiere du Hobbit, tout en preservant cette decontraction toute kiwi.