Mon Ami a ouvert

Une semaine que Mon Ami a ouvert. Une semaine que ce projet sur lequel je travaille depuis 10 mois avec François s'est concrétisé en entrant dans une deuxième phase, pour le moins décisive.

Dimanche soir.

Une semaine que Mon Ami a ouvert. Une semaine que ce projet sur lequel je travaille depuis 10 mois avec François s'est concrétisé en entrant dans une deuxième phase, pour le moins décisive. Ca a été beaucoup, beaucoup de travail, cumulé à mon boulot "officiel", mais autant de plaisir.

Petit retour sur les faits d'abord.

Il y a trois mois, nous trouvions un local, dans le centre de Wellington. Une ancienne galerie d'art dont l'espace était vide depuis un petit bout de temps. Il fallait transformer l'endroit, mais avant, demander l'autorisation, un permis de construire. Nous avons donc fait appel à une architecte et un chef de projet pour monter le dossier auprès du conseil communal. Une fois notre dossier constitué et soumis, restait à patienter, pour une période que nous espérions courte.

En attendant, François et moi avons peaufiné notre projet et travaillé sur ce qu'il était possible de faire avancer. Par exemple, nous voulions absolument de grosses tables en bois rustiques. Nous avons trouvé des planches taillées dans des arbres locaux, dans le sens du tronc. Chacune pesait 150 kg et les installer pour les travailler a réclamer plusieurs paires de bras. Après ponçage, huilage et assemblage, nous nous sommes retrouvés en possession de 2 tables en bois massif à l’aspect plus que convaincant.

Pendant ce temps, il nous a fallu batailler serré avec la mairie pour le permis de construire. Un mois et demi après avoir déposé la demande et de multiples tractations, nous avons obtenu le droit de commencer les travaux.

Ceux là auraient pu se dérouler en douceur, mais c’était sans compter sur les capacités de nuisance de la mairie. Heureusement, comme pour contrebalancer, nous avons été entourés d’ouvriers compétents et impressionnants. Désolé pour la profession, mais ni François ni moi n’étions très confiants dans les gars qui allaient transformer notre local (l’expérience, peut-être), et finalement, nous avons été très agréablement surpris : notre maître d’œuvre était proactif, riches d’idées intéressantes et impliqué dans la réalisation. Au bout d’un mois, presque tout était terminé, et après un ultime rebondissement administratif, nous avons obtenu l’autorisation d’ouvrir le café/restaurant.

En l’espace d’un week-end, la nature du travail a changé du tout au tout. Nous préparions, discutions, construisions avec différents corps de métier : les ouvriers, le marketing, la compta, l’administration …. Pour être prêts. Jusqu’au dimanche soir, tard dans la nuit, nous avons rangé, agencé, terminé, nettoyé, pour que le restaurant puisse ouvrir le lundi. Et pendant que Seb et moi finalisions le local, déjà François se rapprochait de l’activité première du restaurant en cuisinant, préparant les plats, les boissons, les desserts …

Lundi matin, nous avons ouvert et c’en était fini de la conception, de la préparation. Vite, il fallait faire venir les clients, les satisfaire, les fidéliser. Vite, dire à tout le monde qu’on a ouvert et faire rentrer des bénéfices, sans s’éloigner du projet initial … Communiquer, agencer, écouter les premiers retours, améliorer, vite, préparer la soirée d’ouverture. Et pour moi, aussi, aller chez Télécom la journée !

Après une semaine d’opération (et une journée où j’ai même fait le service), les chiffres sont plutôt encourageants, les retours très positifs. La soirée d’ouverture s’est très bien passée. Nous avons eu 50 personnes et François a géré ça sans souci. Vendredi midi, on a eu un coup de chance : une journaliste du journal local (enfin, LE journal local) est venue pour découvrir ce café fraîchement ouvert, et dès jeudi prochain, nous devrions avoir un article avec photo … Déjà samedi (hier donc), elle avait réussi à insérer deux/trois lignes pour annoncer notre ouverture (placées par le plus grand des hasards sous une photo de … Sarkozy !!!).

Je pense que nous avons beaucoup de points forts qui devraient peser : le café que nous vendons est réputé parmi les meilleurs de la ville (il est bio, se plie au commerce équitable et est torréfié sur Welli), nous avons un excellent barista/cuisinier, l’emplacement, la marque, l’agencement du local … sont tous à mettre au crédit du projet.

Beaucoup de travail, donc, mais autant voire plus de plaisir. Ce projet a accaparé mon attention ces 10 derniers mois et il est vrai que j’ai même oublié par moment que je me trouvais à Wellington, en Nouvelle Zélande (si ce n’était quelques virées mémorables dans le bush et dans les fjords). Mais qu’est ce que j’ai appris … Aujourd’hui encore, je ne sais pas si le café va marcher, mais j’ai au moins vu que je ne suis pas « condamné » à travailler dans l’informatique. Cette expérience m’a fait approcher des milieux que je ne connaissais pas avant, et chaque rencontre a eu l’effet d’un grand courant d’air rafraichissant dans ma tête.

C’est vrai que l’énergie à fournir est à la hauteur du mythe (ouvrir un « business » réclame beaucoup de travail), mais quelle fierté le jour de l’ouverture, quelle euphorie quand les premiers clients entrent, quand je regarde ce café/restaurant pas si éloigné de ce que François et moi avions en tête. J’ai fini cette dernière semaine exténué, mais je ne saurais dire si c’était les courses répétées entre mon bureau à Télécom et le café ou le bouillonnement continu des émotions : pendant longtemps, je suis resté détaché émotionnellement de ce projet dans la perspective de son échec, mais il y a deux semaines, quand l’ouverture devenait imminente, je n’en ai plus été capable !

J’aurais voulu tenir mon blog plus à jour pour y raconter le projet au jour le jour, mais je n’en ai pas eu le temps. Il m’a semblé qu’après l’ouverture, c’était indispensable. Dans quelques mois, nous saurons si le café aura été un succès, ce que je souhaite de tout cœur.

Ci dessous, une vidéo du café/restaurant prise dimanche soir dernier, alors que nous terminions de mettre les choses en place pour l'ouverture, le lendemain.

Benoit, le 28 Septembre 2008

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