Pagayer un waka

Ron est un collègue de bureau. On a sympathisé un peu et il a récemment partagé avec moi sa passion, celle du waka. Le waka est une pirogue maorie propulsée par un nombre variable de pagayeur. Dans le cas de Ron, les wakas qu'il navigue embarquent 6 personnes, et ça faisait un petit bout de temps qu'il voulait me convier à une séance. Je n'ai pas hésité longtemps à profiter de cet honneur.

Dimanche soir.

Hier matin, il fallait du courage, mais j'en avais, pour être à 7h30 sur le parking derrière la plage de Freyberg. Ron était déjà là à s'affairer à préparer le matériel: sortir les pagaies, les gilets de sauvetage, ... le waka est une pirogue traditionnelle maorie, et est constituée de la pirogue en elle même, de deux bras en bois, et d'un flotteur latéral appelé "hama". Les deux énormes wakas appartenant au club de Ron sont stockés démontés et ils doivent être assemblés à chaque sortie. Ron était donc occupé à tout poser sur la place en attendant l'arrivée des autres membres du club.

A 7h45, tout le monde était là, dans le jour naissant, le soleil réchauffant à grande peine l'air glacial de la nuit. Nous fûmes 6 à soulever un des deux wakas de son support, chacune d'elles mesurant au moins 20 mètres. Constituée d'un épais époxy, le poids de la bête était à la limite de ce que nous pouvions porter: le monstre s'affaissa lourdement sur le sable quand nous l'eûmes laché, à bout de force! Les parties furent ensuite assemblées, mais pas avec des vis ou des écrous: avec des sangles en caoutchouc! Celles ci étaient étirées au maximum puis enroulées autour des points de contact entre le waka et ses deux bras, entre les bras et le hama. Passionnant!

Au bout d'une heure environ, largement échauffés, nous mîmes les deux wakas, fin prêts, à l'eau. Sa température me glaça les tempes, mais je n'eus pas à y rester très longtemps: Ron m'indiqua ma place, numéro 3, et j'y sautai promptement. Ensuite, ce fut un peu de technique: pour pagayer (des coups de pagaies courts dans l'eau, le bras vertical, en pivotant le dos), pour se caler sur le rythme du premier de rangée, pour changer de côté la pagaie, quand le 4e de rangée hurle "Hut", pour se laisser guider par le 6e.

A 8h45, contre le vent, au plus près de l'eau, et remontant les vagues, nous traversions la baie de Wellington. Et en rythme, s'il vous plait! Ron, placé juste derrière criait "Huut", et Roiomata, la 1ère de rangée donnait un coup de pagaie final, puissant, avant de changer de côté, en même temps que tout l'équipage, pour trois puissant coups. Le plus dur pour moi fut le changement de côté de la pagaie, car il doit se faire sans sauter un pas, en continuité avec le rythme de toute la pirogue.

Les ganets, les pétrelles, les goëlands ... nous tournaient autour alors que nous rejoignions "le lagon" pour faire une pause. Quand nous nous y trouvâmes, je goutai le plaisir de ne plus ramer et observai l'autre waka qui nous avait rejoint. Mon équipage était constitué de 4 femmes et 2 hommes; le leur était constitué d'une rangée de 6 puissants maoris, sur-musclés. Inutile de dire qu'ils nous donnaient la leçon en terme de vitesse, et facilement en plus.

Puis nous repartîmes pour rejoindre notre point de départ. Les muscles étaient toujours présents et le plaisir intact. Quand je pense que Ron en fait 3 fois par semaine, dont 2 fois dans le noir, après le boulot. De retour à Freyberg, je remerciai Ron pour l'invitation et la super expérience, tout en me demandant si j'aimerais continuer.

Note: les photos et les films ne sont pas ceux de ma séance, mais trouvés sur le net pour une meilleure représentation.

Benoit, le 28 Mai 2011

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