
Benoit - 25 Mars 2025
Cela fait un peu plus de deux ans que le Parti National est revenu au pouvoir, et en aussi peu de temps, le paysage économique et social de Wellington a été profondément bouleversé. J’observe ces changements non pas comme un analyste extérieur, mais comme un habitant de cette ville, un parent, un travailleur, directement touché par les décisions brutales de ce gouvernement. Tout s’est inversé : le rapport de force entre employeurs et employés, le coût de la vie, l’accès aux opportunités, jusqu’à l’atmosphère dans les rues et les bureaux. En repensant à ces deux années, je ne peux m’empêcher de mesurer à quel point une politique peut transformer — et abîmer — le quotidien des gens.
Il y a quelques semaines, au lancement du triathlon, des hystéros chauffaient la foule du haut d’un podium/container. Ils crurent bon d’inviter à leurs côtés Chris Bishop, un des ministres (des Transports, sûrement) du gouvernement actuel, haute figure du Parti National et époux de la directrice générale de l’aéroport de Wellington. Ce n’est pas rare, à Wellington, de croiser des personnalités, politiques ou autres, mais ce matin-là, présent pour accompagner et encourager mes enfants, je n’étais pas préparé à sentir ma rage monter à ce point-là : depuis l’arrivée au pouvoir de ces tristes guignols, Wellington était exsangue, et voir, à quelques mètres de moi, un des artisans de cette débâcle me fit bouillir le sang.
Il faut dire qu’avant leur ascension, le rapport de forces entre employeurs et employés était relativement équilibré, ou alors en faveur de ces derniers. On pouvait même parler d’émancipation, ce qui n’avait d’ailleurs pas que des avantages : des sinistres charlatans se vendaient une fortune sans réelle compétence, compromettant la réputation des professions qu’ils prétendaient représenter. Mais globalement, la balance penchait en faveur des travailleurs, une sensation profondément apaisante et saine : l’ambiance dans les bureaux était bonne, les employeurs ayant à cœur de garder les professionnels.
Mais Labour, coupable de n’avoir pas su inspirer et mobiliser ses troupes, s’est fait renverser, et National a pris les rênes. C’était en 2023, et ce gouvernement de médiocres racistes a mis Wellington à genoux. En asséchant le marché du travail, la balance s’est renversée et le pouvoir est retourné dans les mains des employeurs, désormais en position de force. Les employés sont maintenant contraints d’accepter des conditions de travail moins bonnes, pour des salaires ou des tarifs plus bas. Ils doivent consentir à travailler plus, pour des boulots de moindre qualité. Ils doivent se soumettre à nouveau, replongés dans une situation de dépendance : accepte de bosser plus, pour gagner moins, ou ne gagne rien.
Pour ajouter à l’insulte, le gouvernement, dans un esprit très XXe siècle, veut revoir les employés au bureau, sous la supervision de leurs petits chefs. Tout cela va à l’encontre de l’histoire, engorge les routes et les bureaux (augmentant les coûts associés), ressuscite un mode de travail zombie, mais surtout, coûte à chacun en bruit, en stress, en temps de transport : du temps en moins à la maison, du temps en moins au travail… sans parler des coûts pour venir en ville, tout simplement. Le coût de la vie, déjà en pleine explosion, augmente encore, s’ajoutant aux taxes foncières elles aussi en pleine ascension, alors que les revenus diminuent !
Les baisses d’impôts promises ont été compensées par de nouveaux impôts (comme les road user charges) : pour nous, ces nouvelles taxes ont complètement effacé les baisses dont nous avons bénéficié. En combinant tous ces facteurs, nous avons calculé que, depuis deux ans de ce gouvernement, notre pouvoir d’achat a chuté de 20 %.
Bref, si le gouvernement avait voulu mettre au pas la force de travail et l’asservir, il n’aurait pas agi autrement. C’est la première fois que je vois un groupe au pouvoir si déterminé à démolir, morceau par morceau, le niveau de vie de ses concitoyens. Face à l’écœurement de ce système, mais aussi des banques, nous n’avons maintenant plus qu’une obsession : en sortir, coûte que coûte. Notre priorité numéro un est de rembourser le dernier prêt qu’il nous reste, pour libérer l’emprise du système sur nos vies. S’en suivra une épargne acharnée, ainsi qu’un travail de fond sur d’Urville pour la rendre encore plus autonome. Peut-être réussirons-nous, avec le temps, à créer les conditions pour que nos enfants n’aient pas à subir ce même esclavage qui ne dit pas son nom.
Benoit, le 25 Mars 2025